Titre : A la dérive
Scénario : Xavier Coste
Dessin et couleur : Xavier Coste
Type : Polar – Thriller
Éditeur : Casterman
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Résumé :
Paris 1910. Alors que la ville est envahie par les eaux de la grande crue de la Seine, un couple d’américains croulant sous les dettes et les menaces d’usuriers fomente un coup audacieux : profitant de la déroute générale piller la banque American Express! Le casse du siècle!
Mais n’est pas braqueur de banques qui veut. Des « Apaches » (surnom des bandits parisiens au début du siècle avant les hauts faits des Brigades du Tigre) sont embauchés pour leur prêter main forte. L’engrenage fatal est en route.
L’attaque tourne mal, un des gardiens est assassiné. Rapidement la police met la main sur un des exécutants qui balance à tout va. Alors que l’Américain est appréhendé, son épouse parvient à s’échapper avec une grosse partie du butin. Il est condamné au bagne, elle reste libre. Il fera tout pour la retrouver ainsi que les liasses, garantie d’une vie meilleure… mais l’attendra-t-elle ?
L’avis d’Anaïs
S’inspirant d’un fait réel, Xavier Coste reprend un événement important du début du XXème siècle sous son pinceau, lorsque la Seine a débordé à Paris, montant jusqu’à 8 mètres de hauteur au lieu des 3 habituels. Il y inclut l’histoire passionnante d’Agathe et Eddie, deux personnages reconvertis en gangsters pour assurer leur survie, monétairement parlant.
Agrémenté à la fin de quelques pages bonus nommées « Paris sous les eaux », l’album nous présente brièvement que cette bande dessinée fictionnelle s’inspire de la vie de deux bandits irlandais Eddie Guerin et Chicago May. Ils braquèrent une banque, l’American Express en 1903, située alors à quelques mètres de l’Opéra Garnier. Fiction historique, fiction policière, « A la dérive » nous offre une belle histoire, claire et accrocheuse, qui se déroulent sur plusieurs années. Les personnages sont attachants dès le début, notamment avec une Agathe pragmatique et intelligente, ne comprenant pas les coups de folies de son compagnon, et avec un Eddie ambitieux et amoureux au possible. On ne peut s’empêcher de les comparer à Bonnie and Clyde de la vie parisienne qui veulent tout trop vite.
Concernant le dessin, il est tout simplement magnifique, dès la couverture cartonnée et en relief qui attire l’œil par ses effets oscillant entre le gouaché et la peinture à l’eau, un peu mystérieuse autant par le titre que par les deux personnages se trouvant dans une barque. Dès la sixième page, on nous offre une magnifique double page de la Tour Eiffel les pieds dans l’eau avec un Champ de Mars aux allures de port provisoire. Le dessin frappe par son aspect de composition picturale, montrant clairement les coups de pinceaux et des dégradés magnifiques. La bande dessinée reste au plus souvent dans les tons grisâtres de la solitude et de la nuit ou bien dans l’incroyable variété de bleus qui représente l’eau, omniprésente. Les seules couleurs se détachants du lot sont le rouge, utilisé pour le sang et le manteau flambant d’Agathe, ou bien l’ocre qui offre des tons doux aux peaux.
Une autre particularité de la bande dessinée se trouve dans les cases qui sont la plupart du temps classiques, mais qui changent parfois radicalement en devenant soit une double page, soit en formant des cases atypiques comme des affiches des années 20, les bords arrondis ou ressemblant cadres typiques des tableaux de Mucha.
Xavier Coste est un illustrateur à suivre, signant ici sa troisième œuvre et promettant sans doute d’en faire d’encore plus belles s’il continue sur cette lancée.