Basé sur une idée de Ma Lecturothèque, il s’agit de citer les premières lignes d’un livre pris dans sa bibliothèque. Cela vous permet de découvrir l’univers d’un auteur et qui sait de vous donner envie de lire l’ouvrage! Et de mon côté, cela me permet de me replonger dans des vieux livres et de les relire, qui sait? Ou encore de les sortir de ma PAL dans laquelle ils sont depuis trop longtemps perdus! Le concept m’a fait songé au Test de la Page 99, précédemment évoqué dans un article du Baz’Art, et j’y ai immédiatement adhéré.
Pour ce trentième (déjà!) rendez-vous de cette chronique publiée tous les mercredis, voici quelques lignes d’un livre de ma PAL: « Rainbow pour Rimbaud » de Jean TEULE.
» 19 heures. C’est la nuit à Charleville-Mézières. Le ciel est noir comme le fond d’une gorge qui baille. Dans la ville silencieuse, une mère gueule:
-A table!
De la chambre voisine, la voix étouffée d’un fils dit:
-Je suis dans mon bateau.
La voix est celle de Robert. Il mesure 2m10 et à cause de ça, il a toujours beaucoup de mal à entrer et sortir de son armoire noire. C’est sa manie, à Robert, de s’enfermer dans l’armoire de son enfance.
Il fait depuis qu’il a 12 ans. Il dit: « C’est mon bateau. » D’ailleurs, un jour, il a sculpté au couteau dans l’épaisseur de la porte noire ce mot: « bateau ». Depuis, le bois noir a cette plaie inscrite à sa surface comme une fatalité; et le mot tangue à chaque mouvement de Robert. »
Je n’avais jamais lu de TEULE auparavant, et comptais bien réparer cette ignorance il y a quelques jours, en acquérant cet ouvrage. Celui là en particulier, car je suis tombée amoureuse du titre… « Rainbow pour Rimbaud », voilà des mots qui stimulent l’imagination.
Et en lisant ces premières lignes, je ne regrette pas mon choix. Le style de TEULE est magnifique, j’adore le choix de ses mots, son art de la formulation… « Depuis, le bois noir a cette plaie inscrite à sa surface comme une fatalité; et le mot tangue à chaque mouvement de Robert. » Cette phrase est juste magique, non? Le verbe « tangue » rappelle le bateau. Le lexique du malheur est présent avec « plaie », « fatalité » et « noir », et pourtant il y a une légèreté, née de l’incongru, dans ces lignes.
J’ai hâte de lire la suite, et si elle est à la hauteur de ces lignes, je vous livrerai vite une chronique sur cet ouvrage!
17 commentaires sur “Premières Lignes #30: Rainbow pour Rimbaud”