Titre : Elles ont conquis le monde
Auteur : A.LAPIERRE, C.MOUCHARD
Éditeur : Arthaud poche
Prix : 5,90 euros
Nombre de pages: 277 pages
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Note (sur 5 ♥): ♥♥♥♥
Résumé:
» Qu’ont-elles en commun, toutes ces femmes aux personnalités si fortes ? Sinon l’intrépidité et le talent unique de savoir reconnaître leur instinct et soutenir leur désir. » Les grandes aventurières ne sont plus seulement des courtisanes: ce sont des conquérantes d’un type nouveau apparu dans la première moitié du XIXe siècle. Des femmes qui voulaient être des géographes, des botanistes, des ethnologues – bref des exploratrices à part entière ! Et elles ont conquis le monde, d’est en ouest et du nord au sud, le collet bien monté, pour que leur vertu ne soit en rien suspectée, leur corset étroitement lacé. Mais sous leur armure vibraient des émotions violentes, des sentiments brûlants. Et beaucoup ont vécu des amours, qui, pour êtres secrètes, n’en furent pas moins passionnées.
L’avis d’Elodie:
La première histoire commence en 1607, la dernière en 1930. Plus de trois siècles séparent Catalina de Erauso et Emily Hahn, et pourtant une même passion les anime: l’envie de dépasser, de s’évader et de découvrir le monde par leurs propres moyens. Ce qui les distingue de la masse de voyageuses dont on a oublié le nom, c’est l’écriture. Le fait de couvrir des pages de mots serrés les uns contre les autres, parfois inventés mais toujours justes, leur a permis d’atteindre la postérité.
« Ce qui différencie les grandes aventurières des centaines de voyageuses et des milliers de touristes, c’est la transmission de leur expérience par l’écriture. « … Tout de même et avant le reste », aurait, semble-t-il, affirmé Ella Maillart qui a longuement fréquenté les sommets, « le meilleur moyen de se débarasser d’un désir obsédant, c’est de le réaliser! »
Le livre retrace le portrait de 30 femmes d’exception qui, chacune de manière différente, ont repoussé leurs limites pour découvrir le vaste monde. Les raisons sont aussi multiples que les pays visités: veuvage, soif d’apprendre, passion pour les plantes ou les insectes, volonté de fuir un passé douloureux, ou un homme parfois, envie de se montrer aussi fortes que les hommes…
Les pays sont variés, mais tous en commun un danger qui guette, et qui est d’autant plus fort quand on porte une crinoline ou quand on sait à peine manier le pistolet: la Perse, le Kenya, le Népal ou le Mexique… Difficile de conserver le mot de « visite » quand on voit à quel point ces femmes sont tombées amoureuses des lieux dans lesquels elles ont posé leurs valises, au point d’y vivre de nombreuses années. Ainsi fera Fanny Stevenson aux Samoa, Margaret Mead à Bali, ou Gertrude Bell à Bagdad.
Le livre se compose de plusieurs parties, triées dans l’ordre chronologique. Des introductions portant sur des thèmes variés comme » comment survivent-elles? », » pourquoi écrivent-elles? » ou « comment aiment-elles » entrecoupent les récits de vie.
En lisant cet ouvrage, on ne peut qu’être empli d’admiration pour ces femmes ordinaires de prime abord qui ont su transformer leur vie en romans, à force de ténacité et de sacrifices. Rien ne les destinaient à vivre des aventures extraordinaires, c’est bien leur (sale) caractère et leur intelligence qui les ont mené à renverser les barrières du devoir et du machisme pour se révéler sous des soleils étrangers. Une belle leçon de courage.

J’ai adoré retrouver des femmes connues comme Karen Blixen, celle qui a eu une ferme en Afrique, au pied des collines du Ngong, ou Anita Conti, la photographe des mers que Cousteau lui-même admirait. Mais j’ai encore plus apprécié découvrir des vies hallucinantes que je ne soupçonnais même pas, des destins tragiques qui m’ont touchée comme celui d’Isabelle Eberhardt qui se perdit dans les tréfonds du Sahara et dans la fumée du kif (ou haschisch), ou comme celui de Gertrude Bell, la rose de Bagdad qui se suicida plutôt que de quitter l’Orient.
Alexandra LAPIERRE et Christel MOUCHARD nous livrent un ouvrage réussi, quoique frustrant. En effet, l’histoire de ces femmes incroyables nous est expliqué en quelques pages, et on est laissé sur sa faim, avide d’en savoir plus. Les auteures y ont pensé, et à la fin de l’ouvrage se trouve une partie créditant les citations, base intéressante pour poursuivre les découvertes. Bref, ce livre est des plus inspirants, et je ne peux que le conseiller!
Image de couverture: Karen Blixen