
Auteur : Cédric Plouvier
Année : novembre 2020
Édition : Libre2lire
Nombre de pages : 452
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Note : 4,5/5
Résumé:
Face à un siège de Veies qui s’éternise malgré les tentatives de régler une fois pour toute le conflit, Rome doit chercher de nouvelles solutions : machines de guerre, attaque souterraine, ruse pour attirer les étrusques hors de leurs murs et les forcer à combattre les légions. A Rome même les patriciens poursuivent leurs luttes de pouvoir tandis que la pègre et la garnison s’affrontent pour le contrôle des bas-dons. Et pendant que les signes des dieux se multiplient, la délégation envoyée consulter l’oracle de Delphes rentre de mission, porteur de la réponse d’Apollon : Rome a offensée les dieux !
L’Avis de Clément :
La voix des dieux est le deuxième tome de Pax Deorum, la série de Cédric Plouvier sur la naissance de Rome comme superpuissance du monde Antique, et fait suite à Il était une fois Rome que j’avais déjà chroniqué précédemment. Et si je devais résumer mon avis sur ce deuxième tome, je dirai qu’il est comme le premier, en mieux même par certains aspects.
Commençons par le principal défaut, ou plutôt que défaut disons plutôt le principal point qui risque de rebuter une partie du lectorat, le rythme. Comme Il était une fois Rome, La voix des dieux est lent. Si vous vous attendez à une histoire trépidante avec des rebondissements qui s’enchaînent à toute allure, vous risquez d’être déçu. L’auteur prévoit de mener son histoire en cinq tome (plus de 2000 pages si les trois prochains conservent le format des deux premiers), il faudra faire preuve de patience pour connaître le dénouement des intrigues lancées.
Cependant lent ne veut pas dire ennuyeux, et une fois accepté l’idée que je n’aurai pas tout de suite de résolution aux diverses intrigues ouvertes je n’ai eu aucun problème à rentrer de nouveau dans l’histoire. Et même si celle-ci ne progresse pas « vite », elle progresse. Après l’échec de leur plan initial les romains se mettent en quête de nouveaux moyens de briser le siège de Veies, un nouveau changement de régime semble se préparer chez les brigands de la subure, des phénomènes surnaturels, bref, il se passe des choses dans ce tome 2.
Un autre point concernant l’histoire est l’absence (apparente en tout cas) de fil conducteur, ou du moins de trame principale au sens « classique » du terme. Ça peut sembler un défaut en donnant le l’impression de se « perdre » dans des divers bouts d’intrigue entre lesquels on ne voit pas forcément les liens. Personnellement je trouve que c’est aussi une qualité, les différents personnages faisant leur vie et poursuivant leurs objectifs propres sans forcément qu’il y ait de liens entre eux, et si ça peut être perturbant pour nos habitudes de lecteur c’est finalement plutôt réaliste. Mieux, l’univers donne ainsi l’impression « d’avancer » tout seul, avec ou sans les personnages, comme en vrai finalement.
Une autre bonne surprise est venue du côté des personnages. J’avais dit dans ma chronique du premier tome que j’avais eu du mal à me retrouver au milieu des nombreux personnages, peut être en partie à cause de leurs noms en latin. Et bien étonnement j’ai retrouvé très vite mes marques en lisant ce tome 2, et même si j’aurai toujours du mal à retrouver qui est qui une fois le livre fermé, ça me revenait tout de suite une fois le nom sous les yeux (je ne sais pas si je suis très clair).
Concernant les personnages toujours j’ai beaucoup aimé Ariphron et Ferrus, les relations qu’ils nouent avec Mortelinus et Libianitus pour le premier, avec Maluginensis pour le second, étant je trouve un des éléments les plus intéressant de ce tome en terme de développement de personnage. Le personnage de Marcus Ambustus est également très intéressant, ainsi que Marcus Camillus qui si mes souvenirs sont bons, et si l’auteur poursuit son histoire jusque là, sera amené à jouer un rôle majeur dans les relations des romains avec un certain Brennus (et peut être à occuper une place de plus en plus centrale dans le roman?).
Sur le plan technique on retrouve dans La voix des dieux les qualités que j’avais apprécié dans le précédent tome : une écriture très agréable, avec un style très immersif renforcé par l’utilisation du vocabulaire spécifique et les références à la culture romaine (on assiste à diverses cérémonies religieuses, visite la prison du Tullianum où sera emprisonné notamment Vercingétorix bien plus tard), un découpage en chapitres courts qui permet de s’arrêter et reprendre facilement, bref, ce deuxième tome est une réussite formelle.
Dernier point enfin, le surnaturel m’a semblé plus présent dans ce tome que dans le précédent. Outre les phénomènes surnaturels proprement dit (avec notamment des événements qui m’ont semblé être des « apparitions divines »), l’auteur introduit certaines « pratiques magiques » comme les malédictions et les méthodes permettant de s’en protéger. On reste cependant sur du surnaturel « léger », n’attendez pas de boules de feu ou d’invocations de créatures des basses-fosses (qui d’ailleurs trancheraient beaucoup trop avec le ton très réaliste du roman).
En conclusion :
Comme son prédécesseur La voix des dieux est un très bon roman historique, très dense avec ses nombreux personnages et son univers extrêmement riche. Si cette densité peut le faire paraître un peu difficile d’accès et si son rythme lent peut frustrer le lecteur « pressé », une fois accepté l’idée de rentrer dans l’univers de l’auteur et de faire preuve de patience pour le suivre au rythme où il nous emmène, on passe un excellent moment de lecture. En tout cas moi j’ai passé un excellent moment, et je lirai le tome 3 quand il sortira.
Source image de couverture: Carlos Ibáñez
Merci pour cette très bonne chronique, fouillée et très bien faite. Pour info, les deux premiers tomes en faisait en seul à l’origine, le rythme va s’accélérer par la suite, surtout dans les deux derniers tomes! Vous avez bien saisi ce que je voulais faire passer, en tout cas!